
Montessori VS Ghettossori : et si on sortait des cases ? #flexessori
Depuis quelque temps, les réseaux sociaux s’animent autour d’un nouveau mot-valise qui fait mouche : Ghettossori. D’un côté, les adeptes rigoureux de la pédagogie Montessori, souvent identifiables à leurs étagères minimalistes, jouets en bois neutres et vêtements en lin ; de l’autre, des parents qui revendiquent une éducation plus intuitive, moins esthétique mais tout aussi bienveillante — et qui n’ont pas toujours les moyens (ni l’envie) de s’aligner sur les codes visuels très codifiés de la parentalité « Instagrammable ».
Alors que faut-il penser de ce débat ? Peut-on encore parler d’éducation sans tomber dans les jugements de valeur ? Et si, finalement, ces deux camps n’étaient pas si éloignés ?
Montessori : une philosophie, pas une vitrine
Il est essentiel de rappeler que la pédagogie Montessori, dans son essence, n’a rien à voir avec une esthétique épurée ou un mode de vie élitiste. Maria Montessori a conçu sa méthode pour des enfants vivant dans des quartiers défavorisés de Rome. L’objectif était — et reste — de rendre l’enfant autonome, confiant, responsable et libre dans un cadre structuré.
Oui, les jouets en bois, les matériaux sensoriels, l’ordre et la simplicité servent une intention pédagogique claire. Mais ce n’est pas la couleur des jouets ni la beauté de l’environnement qui font la pédagogie. Ce sont la posture de l’adulte, le respect du rythme de l’enfant, l’encouragement à l’autonomie, et surtout, la bienveillance et la constance dans la relation éducative.
Ghettossori : une critique ou une revendication ?
Le terme « Ghettossori », s’il a été moqué par certains, porte pourtant une charge politique forte. Il dénonce une récupération commerciale et parfois classiste de Montessori. Il met en lumière l’inaccessibilité de certains produits, l’obsession esthétique, et la pression implicite qui pèse sur les parents modestes.
Mais surtout, il rappelle que l’éducation bienveillante ne devrait pas être réservée à ceux qui peuvent se permettre d’acheter des meubles en bois clair ou des jouets éco-responsables à 80 euros la pièce.
Dans les appartements plus petits, avec des jouets de récup, dans un environnement moins « Pinterest-compatible », des parents pratiquent chaque jour une éducation centrée sur l’amour, l’écoute, le cadre et la transmission.
Et ça aussi, c’est profondément Montessori.
Vers une éducation consciente, pas parfaite
Et si on arrêtait de faire de l’éducation un champ de bataille ? Si on décidait que la parentalité ne devait pas ressembler à une performance visuelle, mais à un chemin vivant, imparfait, et surtout cohérent avec nos valeurs et nos moyens ?
Nous pouvons nous inspirer de Montessori — de ses fondements humanistes, de ses outils simples, de son regard émerveillé sur l’enfant — sans chercher à imiter un modèle figé. Il n’est pas nécessaire d’avoir un budget hors norme ou une maison parfaite pour laisser son enfant gagner en autonomie, respecter ses besoins sensoriels, et lui transmettre des limites claires dans un climat de sécurité.
Conclusion : moins de comparaison, plus de confiance
Il est temps de sortir de la logique du "trop ou pas assez", de la "bonne méthode" contre la "mauvaise", et de revenir à l’essentiel : l’enfant, le lien, la relation. Ce qui compte, ce n’est pas l’étiquette qu’on colle à notre parentalité. C’est la qualité de la présence qu’on offre, les repères qu’on construit, l’amour qu’on transmet.
Montessori peut être un guide inspirant. Mais chacun est libre de l’interpréter selon sa réalité, son quotidien, son histoire. Il ne s’agit pas d’être "parfaitement Montessori" ou "fièrement Ghettossori", mais d’être profondément présent à son enfant, avec conscience et humanité.